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CYNIC's lab
3 janvier 2011

CYNIC's lab : noir.

Cela faisait deux mois que je n'avais pas eu d'affaire sérieuse. A peine deux chiens à retrouver, et une filature qui s'est soldée par un accident, dans le fleuve. Je n'allais bientôt plus pouvoir payer mon loyer pour la pièce minable qui me tenait lieu de bureau. J'avais déjà du renoncer à utiliser le ventilateur, par économie, malgré la chaleur harassante de ce mois de juillet.
J'étais en train de prendre un rafraîchissement, un bourbon de mauvaise qualité, seule chose que je pouvais m'offrir, quand on frappa à ma porte défraîchie.

"-Entrez." fis-je, cachant prestement la bouteille dans un tiroir. J'espérais que mes yeux rougis par la fatigue et l'alcool, ainsi que ma barbe de deux jours, ne feraient pas fuir la clientèle.

Une jeune femme entra et s'arrêta deux secondes pour scruter la pièce. C'est certain que les piles de dossiers mal rangés, les restes de repas, les cadavres de bouteilles et la lampe grésillante ne devaient pas faire bonne impression. Un petit sourire se dessina sur ses lèvres, et elle s'avança jusqu'à la chaise que je gardais pour la clientèle. La seule chose à peu près en état dans ce taudis.

"-Bonjour," fit-elle, "une amie m'a conseillé de vous voir pour mon affaire. Il paraît que vous êtes plutôt discret."

Je la dévisageais en enregistrant ses paroles. Elle était assez quelconque, mais un parfum d'honnêteté et de lassitude se dégageait de ses yeux. Une amie l'avait rencardée ? Ca ne devait pas être une affaire récente.

"-C'est ma réputation," lui répondis-je, "que puis-je pour vous ?"

Elle sortit un petit calepin de son sac, y inscrivit une note et le rangea. Je remarquais un tract de PETA, une organisation activiste de défense des animaux. Elle sembla réfléchir deux secondes et se lança.

"-Avant de commencer, je tiens à vous prévenir que c'est une affaire délicate. Il ne faut surtout pas qu'elle s'ébruite. Elle comprend certains risques, mais ils ne sont pas physiques."

Ca partait mal. En général, une affaire facile est délicate, une délicate est difficile et une difficile... disons que les difficiles sont la cause du fort taux de mortalité dans la profession. Les risques, ça me rend nerveux, je sortis une gomme à mâcher d'un de mes tiroirs, et en proposait une à ma cliente. Elle refusa poliment tandis que j'enfournais quatre de ces dragées.

"-Vous savez," fis-je, "vous pouvez compter sur moi pour la discrétion. Après, selon les risques réels, ce sera plus ou moins évident."

"-Je comprends," continua-t-elle, "mais soyez assuré que la récompense sera à la hauteur. Je me suis renseigné sur vos tarifs. Si je suis très satisfaite, je suis prête à doubler vos honoraires."

Doubler mes honoraires ? Pensais-je. Cela me mettrais à l'abri pour deux mois au sujet du loyer. Il ne me resterait plus qu'à trouver autre chose pour manger. Mais d'un autre coté, cela signifiait sans doute des risques plus importants que prévue. Mais j'avais vraiment besoin de cet argent, ce n'était pas le moment de faire la fine gueule.

"-C'est d'accord. Dites-moi ce que vous attendez de moi."

"-Professeur CYNIC, vaut-il mieux être riche et en bonne santé, ou pauvre et malade ?"

Pardon ? C'était un test avant de continuer ou quoi ? Une simple question ? Une putain de question ? Et en plus elle utilisait mon alias pour l'émission d'il y a dix ans ! Elle en savait plus sur moi que je ne pensais. Ca puait le piège ce truc. Je commençais à suer à grosses goûtes. Qui lui avait donné mon nom ?

"-Qui m'a recommandé auprès de vous, déjà ?" lui demandais-je.

Le nom qu'elle me sortit me raviva plein de souvenirs. Une de mes meilleurs affaires. Une riche industrielle de l'agro-alimentaire soupçonnais un trafic de bétail au sein de son entreprise. Après deux mois d'enquête, j'avais réussi à faire démanteler une opération du Front de Libération des Animaux Domestiques. Constitués principalement de végétariens extrémistes, ils volaient du bétail et le "libérait" dans des zones qu'ils contrôlaient. Je ne voyais pas ma cliente être amie de cette industrielle, mais pourquoi pas. Cela avait peut-être un rapport avec sa question. Il était temps de répondre.

"-Pour répondre à votre question, je dirais que l'élément clef est la santé. Pauvre ou riche, c'est pas le plus important, ce qu'il faut, c'est être en bonne santé. Bien sûr, c'est plus facile quand on est riche."

"-Merci," dit-elle, "prenez cette enveloppe, elle contient la récompense admise."

"-C'est tout ?" demandais-je, "juste une réponse ?"

"-Oui, elle a confirmé ce que je pensais, adieu." répondit-elle en se levant.

"-Vous ne m'avez même pas donné votre nom."

Elle s'arrêta sur la pas de la porte, et se retourna en souriant malicieusement.

"-Claire." Et elle sortit.

Je restais cinq minutes à réfléchir à ce qui venait de se passer. Je venais de gagner deux mois de loyer en répondant à une question. Ce n'était pas possible, il ne devait rien y avoir dans l'enveloppe. Je l'ouvris avec fébrilité et comptais les billets. La somme y était. Je ne remarquais pas la poudre saupoudré sur les billets. Deux semaines plus tard, je me trouvais en soins intensifs à l'hôpital, alors que les journaux titraient sur une mystérieuse maladie qui touchait tous ceux qui avaient participer au démentellement du FLAD.

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Commentaires
P
C'est super-calé! Tu pense que Claire pourrait t'assassiner? Tu pense qu'elle pourrait assassiner quelqu'un?
C
Et pourquoi tu dis "gomme à mâcher" plutôt que "chewing-gum" ? Tu dis aussi "blanco" au lieu de "tip-ex" ?
C
Pourquoi Mickaël Youn ne fait que des films de merde ?
C
C'est pas beau d'être jaloux ? Tu crois pas que s'il n'y en avait réellement que pour moi tu aurais écrit tout le texte en fuchsia ?
T
y'en a toujours que pour claire ?
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